La pêche en Europe

Publié le par Martin Balédent

Les quotas de pêche en Europe pour 2006

 « Les 25 sont parvenus à un accord hier sur les quotas de pêche pour l’année 2006. Une fois de plus, les négociations ont été difficiles et les ministres n’ont pas suivi les avis, pourtant raisonnables, de la Commission européenne. »

 C’est un rituel bien rodé. Chaque fin d’année depuis 2003, les ministres de la Pêche des 25 se retrouvent en marge du Conseil européen. Objectif, arrêter les quotas nationaux et définir les conditions de pêche en Europe pour l’année à venir. Comme en 2004, deux positions s’affrontent. D’un côté, la Commission européenne, qui établit ses recommandations, suivant plus ou moins les observations du Ciem, le Conseil international de l’exploration de la mer. De l’autre, les ministres, qui défendent avant tout les intérêts économiques d’un secteur qui emploie près de 200 000 personnes en Europe. Certains pays, dans lequel la pêcherie tient une place importante, sont particulièrement opposés à une réduction des prises. C’est le cas de la France, du Royaume-Uni ou de l’Espagne. Et une fois encore, ils ont réussi à convaincre leurs partenaires pour arriver à un accord bien en deçà des recommandations de la Commission. Juste deux exemples. L’anchois, d’abord. Un moratoire sur la pêche dans le golfe de Gascogne avait été établi en juillet dernier. Il a été levé hier. Les chalutiers français pourront prélever 500 tonnes d’anchois en 2006, alors que les stocks sont en chute libre. Le cabillaud ensuite. Sa population est en très mauvais état, mais l’effort de pêche n’est réduit que de 5 % en 2006 et aucun plan sur plusieurs années n’est prévu. Bref, de quoi satisfaire le lobby de la pêche en Europe.  

« Mais la raréfaction de la ressource touche aussi d’autres types d’espèces aujourd’hui, comme dans les grands fonds… » 

 

Oui. Face à la baisse des effectifs de poissons « classiques », comme la sardine ou le cabillaud, les pêcheurs européens se tournent de plus en plus vers des espèces vivant dans les grandes profondeurs, au delà de 400 mètres. Cela concerne le grenadier, le sabre ou l’empereur par exemple. Pêchés dans l’Atlantique nord et en Baltique, ils sont arrivés sur nos étals depuis la fin des années 80. Le problème est qu’avec une croissance lente et une maturité tardive, ces espèces se renouvellent très lentement. Elles ne peuvent donc supporter qu’un effort de pêche limité. Le Conseil international de l’exploration de la mer préconisait une très forte baisse, voire un arrêt, de la pêche en eaux profondes. La Commission ne l’a pas suivi, proposant une réduction des prises de 20 %. « Inacceptable » pour la France, pionnière dans ce secteur. Résultat, un accord au rabais, portant sur une baisse de 10 %. Insuffisant pour enrayer une chute inexorable de ces populations, estime le Ciem.  

Mais qu’importent les signaux d’alarme, tant que les grands pays concernés, France et Royaume-Uni en tête, évite la grogne de leurs pêcheurs.

 

 

 

Publié dans europeasaporte

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